Copenhagen Cowboy est plus facile à vivre quand on est profondément défoncé. C’est peut-être une remarque évidente, mais elle vaut la peine d’être faite. L’œuvre de Nicolas Winding Refn peut certainement être appréciée en toute sobriété. Trop vieux pour mourir jeune et être un peu effrayé. Mais les couleurs criardes, les somptueuses scènes éclairées naturellement, la musique vibrante, les pauses, les mouvements de caméra indolents… Tout cela est taillé sur mesure pour les effets de l’herbe sur le temps et les sens : Tout cela est taillé sur mesure pour les effets d’étirement du temps et d’amélioration des sens de l’herbe. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu, c’est tout ce que je dis.
Intitulé « From Mr. Chiang with Love », cet épisode est délicieusement désorientant dans son rythme. Plus précisément, il commence par l’élimination par Miu du tueur en série blond au visage vide, Nicklas, en l’espace de quelques minutes. Presque tous les détails de cette séquence sont parfaitement exécutés : La vision de Miu des victimes de Nicklas, jetées dans le ruisseau voisin ; l’apparition soudaine de Nicklas, si surprenante qu’elle semble faire partie de la vision ; la tension de leur poursuite à pied et la catharsis de Miu fouettant Nicklas avant de lui défoncer la tête et de le laisser se faire dévorer par ses propres porcs.
Bien sûr, Nicklas survit au lavage de cerveau et à une partie de son repas, et son horrible père s’arrange pour qu’un trio néfaste de en vogue architecte/designers pour construire une monstrueuse prothèse de bite pour le gars afin de remplacer celle avalée par le porc. L’épisode se termine par un long plan de lui sur une table d’opération, se soulevant comme le monstre de Frankenstein avant de redescendre, avec des plaies bizarres sur tout le corps et un drap bleu sur son maillot de bain.
Mais nous ne savons rien de tout cela avant la toute fin de l’épisode ! Donc, pendant un long moment, nous regardons la suite des aventures de Miu en étant au moins partiellement convaincus que la partie Nicklas de la série est définitivement terminée. Comme je l’ai dit, délicieusement désorientant.
Quoi qu’il en soit, Miu traverse le reste de l’épisode de la même manière que les précédents : elle passe (si l’on peut dire qu’un personnage aussi lent que Miu passe) d’une famille de criminels à une autre. Cette fois-ci, elle passe un accord avec M. Chiang : elle lui versera une somme d’argent importante en sept jours en échange du retour de la fille de Mère Hulda. Il est intéressant de noter que Chiang laisse d’abord l’enfant rendre visite à sa mère, sans doute pour prouver qu’il est de bonne foi.
Afin de réunir l’argent dont elle a besoin, Miu se rend chez Miroslav (Zlakto Buric), un autre immigrant et une de ses anciennes connaissances. (Lorsqu’il apprend qu’une « pièce porte-bonheur » est venue lui rendre visite, il bondit pour la voir tandis que ses sbires s’enfuient, apparemment terrorisés). Miroslav s’est élevé au rang de consigliere à ce qui semble être la plus grande foule d’autochtones de Copenhague.
En remboursement d’une vieille dette qu’il lui doit, il lui trouve un emploi de dealer, sous les ordres d’un type très sympathique et optimiste nommé Danny (Ebriama « Eebz » Jaiteh). La gentillesse de Danny, son absence de préjugés à l’égard des « gens des Balkans » (il est lui-même noir) et sa confiance dans ses perspectives d’avenir font de sa présence une soupape géante pour évacuer toute la misère et la tension que nous avons connues dans la série. Il prend même le temps de s’absenter de son travail pour apporter de la nourriture à un ami malade mental en pleine crise psychotique, et la seule vue des felafels qu’il livre ramène le pauvre homme sur terre. (Cela dit, ses prévisions d’un avenir radieux garantissent pratiquement que le pauvre gars ne s’en sortira pas).
De son côté, Miu prend tout de suite la tutelle de Danny, même face à des clients de nature très différente. Elle doit botter le cul d’un trio de femmes maniant le cutter, mais sa rencontre avec ce trio de designers (dont l’un est NWR lui-même dans une apparition muette) se passe beaucoup mieux, même si c’est de façon comique.
Mais ses problèmes ne cessent de s’accumuler. Elle doit s’inquiéter de Chiang et de ses sbires. Nicklas et sa famille risquent de s’en prendre à elle s’il parvient à décrire son agresseur, et les designers qu’ils ont engagés ont un lien direct avec elle via sa livraison de coke. Ses nouveaux patrons ont leurs propres attentes et lui ont promis que son amitié avec Miroslav ne la protégerait pas si elle se plantait. Et je ne suis même pas convaincue à 100% qu’André a péri dans l’incendie que Miu a allumé au bordel.
Ce dilemme engageant est le squelette sur lequel le spectacle drape tant de sensations esthétiques qu’il est difficile de les suivre toutes. De prime abord, j’aime la façon dont le manoir de Nicklas et ses environs, ainsi que la forêt où se déroulent les affaires avec Chiang et Hulda, sont entièrement dépourvus de l’habituel style d’éclairage synthwave, tout en lumière terne de soleil d’hiver. J’aime la façon dont la musique sonne comme une expiration répétée pendant la conversation de Miu avec son vieil « ami » Miroslav. J’aime la palette de couleurs marron et or de son bureau, une composition de couleurs typiquement Refn, mais tellement différente de son style habituel. J’aime les éclats de comédie, comme les chamailleries entre les designers qui se demandent si l’un d’eux est préoccupé par son pénis ou non, ou le père de Nicklas qui dit que la question de savoir si son fils a fait congeler une partie de son sperme est « l’affaire de sa mère ». J’adore l’ami malade mental qui se met à quatre pattes et siffle comme un chat à travers une fente de la porte, ce qui m’a vraiment fait peur. J’aime qu’il y ait des combats d’arts martiaux dans cette série pour une raison quelconque.
J’aime beaucoup Copenhagen Cowboyce qui est à double tranchant, car cela vous rappelle à quel point la télévision est faible et paresseuse en comparaison. Mais je prends le coup.
Sean T. Collins (@theseantcollins) écrit sur la télévision pour Rolling Stone, Vautour, Le New York Timeset n’importe quel endroit qui l’accueilleravraiment. Lui et sa famille vivent à Long Island.
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