Quand vous pensez à la Ville Lumière, elle est probablement bien plus romantique que la version évoquée par Jacques Audiard dans Paris, 13e arrondissementen streaming sur Hulu. Même dans sa magnifique cinématographie en noir et blanc, cette version de Paris est éloignée du centre culturel de la ville – mais pas nécessairement dans les banlieues non plus. Dans un paysage d’architecture brutaliste du quartier des Olympiades, Audiard trouve une histoire aussi contemporaine que l’environnement : celle de jeunes amoureux qui tentent de se connecter dans un monde de plus en plus fragmenté.
L’essentiel : Émilie (Lucie Zhang) travaille le jour dans un centre d’appels parisien pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa grand-mère malade. Pour alléger son fardeau financier, elle prend un colocataire en la personne de Camille (Makita Samba), un étudiant de troisième cycle en enseignement qui se lance dans l’immobilier pour aider à couvrir ses frais. Il y rencontre Nora (Noémié Merlant), étudiante en droit, qui doit faire face à l’humiliation de ses camarades de classe lorsqu’elle est prise pour la célèbre camgirl Amber Sweet (Jehnny Beth). Ces quatre-là deviennent désespérément liés d’une manière qu’ils ne peuvent pas imaginer, alors qu’ils essaient juste de s’en sortir – et de prendre leur pied – dans le Paris moderne.
Quels films vous rappelleront ce film ? Pensez à quelque chose comme un Le feu de Saint-Elme ou un A propos d’hier soir – Des histoires de jeunes professionnels qui essaient de comprendre la vie et l’amour – mais en plus indie-fied.
Une performance qui mérite d’être regardée : Noémié Merlant, connue de certains francophiles pour son rôle dans Portrait d’une femme en feuest la véritable révélation du film. Son personnage, Nora, fait un voyage à la fois psychologique et physique, alors qu’elle explore la part d’elle-même qu’elle veut donner en ligne.
Dialogue mémorable : Ce n’est pas un film pour le langage poétique ou les grandes déclarations sur l’amour. Il s’agit de la façon dont les gens discutent franchement, et souvent de façon non romantique, du sexe aujourd’hui. Pour donner un exemple, deux colocataires concluent un accord de cohabitation et l’exposent de manière aussi crue que : « On partage le ménage, la nourriture, et on arrête de se balader à poil. »
Le sexe et la peau : Quand un film commence par un personnage aux seins nus, vous savez qu’il y a beaucoup de choses sensuelles à venir. Paris, 13ème arrondissement présente de multiples positions et formes d’expression sexuelle, des camgirls au sexting en passant par d’innombrables variétés de rapports sexuels IRL. Elles sont toutes étroitement liées à l’intrigue et au développement des personnages, ce qui montre à quel point la sexualité est au centre de leur vie et de la société pour les trentenaires.
Notre avis : On ne croirait pas que Jacques Audiard, le réalisateur dur à cuire à l’origine du classique drame carcéral Un Prophèteapprochait les 70 ans lorsqu’il a fait Paris, 13e arrondissement. Cette adaptation de l’œuvre du dessinateur Adrian Tomine déborde d’une énergie juvénile qui évite toute trace de « comment ça va, les enfants ». Le film saisit avec immédiateté et intimité le paysage moderne de l’amour d’une manière qui est à la fois de son temps et liée à quelque chose d’intemporel. Même si le film s’emballe par moments, chacun devrait apprécier le soin qu’il apporte à recréer un monde où la connexion est plus disponible que jamais – et donc plus difficile à maintenir.
Notre appel : STREAM IT ! Paris, 13ème arrondissement est une vision de la Ville Lumière qui semble suffisamment différente pour mériter notre attention. Ces histoires entrelacées ont une résonance plus large qui va bien au-delà du public francophone, avec leurs attitudes sexuelles brutales et leur rythme romantique poignant.
Marshall Shaffer est un journaliste indépendant spécialisé dans le cinéma et basé à New York. Outre Decider, son travail a également été publié sur Slashfilm, Slant, Little White Lies et de nombreux autres sites. Un jour, tout le monde se rendra compte à quel point il a raison à propos de… Spring Breakers.
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